Saint Missolin
Prêtre, soldat et martyr, Saint Missolin d’Aure, naquit à Cadeilhan-Trachère, vers 985, dans une maisonnette des plus humbles, aujourd’hui modifiée, réaménagée et habitée.
En 1012, lors de l’invasion de la Vallée d’Aure par les musulmans qui passèrent par le Port d’Urdissétou, le Val du Rieumajou, Tramezaïgues, Missolin s’enrôla avec toute la jeunesse auroise, dont il prit le commandement, sous le drapeau de la redoutable armée de chrétiens Sanche III ou Sanche Garcès del Mayor, roi de Navarre, fils de Sanche II, venu pour prêter secours aux aurois.
Une triple bataille fut alors livrée entre Ancizan et Cadéac en un endroit surnommé depuis en patois "le camp batailhé", où les Maures, ennemis de la foi furent anéantis. Après cette brillante victoire, attribuée par les gens du pays à la protection de Saint Exupère (né à Arreau), à la suite du voeu qu’ils firent d’élever la première chapelle de ce nom en témoignage de reconnaissance pour le St Evêque de Toulouse, les aurois choisirent alors pour Seigneur Sanche III Abarca, surnommé le roi des Espagnes ; il lui permirent à condition qu’il leur reconnaîtrait leurs institutions républicaines et leur indépendance, de construire dans la vallée des châteaux-forts ainsi que des tours à signaux pour la transmission rapide des nouvelles par le moyen de feux allumés. Au premier besoin de communications, les gardiens de ces tours transmettaient l’ordre des chefs à l’aide d’une habile succession de flammes vives produites par la graisse jetée sur la paille en feu, et de fumée obtenue avec de l’eau répandue sur cette même paille. Ce système de télégraphie curieuse de l’époque remonte aux temps les plus reculés de notre histoire ; il en fut fait usage sous Seipion Gnéius, à la bataille du Métaure sur l’Ebre, en l’an 207 avant Jésus-Christ.
Un château appelé "Castet d’Abarca" fut bâti sur le deuxième mamelon qui se trouve à la gauche de la RD 939 qui part de Guchen vers Ancizan, ainsi que de nombreuses tours de guet. De nos jours, trois tours subsistent encore ; une à Cadéac, une à Vignec au lieu dit Tourraque (en ruine), et une à Tramezaïgues. Les autres se trouvaient dans les villages suivants : à Bazus dans l’emplacement de la maison Peyrisse (aujourd’hui Dutech) ; à Guchan, dans l’enclos de Mr Paul Fouga ; à Estensan (elle fut détruite en 1854), la maison Brunet à été bâtie à l’endroit même ou elle se trouvait ; à Azet dans l’emplacement du prebytère et à St Lary à la gauche du groupe scolaire actuel. cette dernière qui sert aujourd’hui de grange s’appelait "Tour Hachan". (texte écrit par Ch Raynaud en novembre 1947).
Missolin est séduit, admiratif. Il veut approfondir ses connaissances sur la vie mystique et choisit de s’en aller pour recevoir le sacrement de l’ordre de l’Eglise catholique pour devenir prêtre. A son retour, il s’installe à la caverne de Froylán, se fait aider dans les travaux quotidiens par deux jeunes acolytes (titre religieux, ordre mineur), Firminiano (Firmin) et Clemencio (Clément).
Ils servaient la messe et l’accompagnaient dans les petits hameaux où il allait prêcher les préceptes du christianisme, faisant ainsi beaucoup de prosélytes ( convertis au christianisme). Mais un matin, alors qu’il disait sa messe, une bande de soldats Maures se précipite sur lui. En les voyant Missolin fit à Dieu l’offrande de sa vie, puis se retournant vers ses compagnons, il leur demanda de faire le même sacrifice que lui.
Cette exhortation n’était pas encore achevée que les Maures se précipitèrent sur lui en lui arrachant ses vêtements sacrés, puis après lui avoir attaché les mains, le criblèrent de flêches ; ainsi mutilé, il reçu un formidable coup d’épée qui lui trancha net la tête. Les deux enfants, ses compagnons, qui avaient assisté à cette scène sauvage, subirent eux aussi le même sort avec beaucoup de courage.
Une couche de terre miraculeuse enveloppa immédiatement ces dépouilles sacrées, elles furent retrouvées longtemps après par le curé de Banaston, paroisse située près de San Vicente sur la rive gauche de la Cinca. Après les avoir pieusement ramassées, elles furent portées à l’église de San Vicente et déposées dans une châsse (reliquaire contenant le corps d’un saint), qui fut placée dans une niche au milieu du maître-autel et exposées à la vénération des fidèles.
En 1644 une chapelle sera construite à la mémoire du martyr “St Missolin”, elle sera inaugurée en 1715 par la Sainte Eglise.
La relique [1] du Saint Français sera déposée dans un nouveau cercueil.
Le village natal de Missolin sera informé et, avec l’autorisation de l’Evêque de Comenge, une autre relique plus petite sera amenée et déposée le Dimanche 20 août 1978 en l’Eglise St Blaise de Cadeilhan-Trachère.
Depuis 1750, la tradition d’honorer le Saint est reconnue et, depuis 1978, les deux villages se rassemblent en mai en Espagne et en août en France pour célébrer le Saint Sacrifice en sa mémoire. Sur la montagne de San Vicente, une source baptisée “fontaine de Missolin” coule au pied de l’ermitage et une cloche de l’Eglise de Cadeilhan-Trachère a été baptisée “Missoline” afin d’honorer le saint homme. En 2005, les municipalités inviteront les habitants pour concrétiser le projet de jumelage des deux villages par un protocole d’accord officialisé au cours des deux cérémonies.
En 2005 & 2006, la municipalité de Cadeilhan-Trachère a participé financièrement à la restauration d’un tableau de St Missolin, dont "Enrique" le curé de la paroisse de Labuerda avait la charge de faire exécuter.
RPouy
[1] relique : ce qui reste du corps d’un martyr, d’un saint personnage ou d’un objet relatif à son histoire, conservé dans un dessein de vénération